samedi 31 décembre 2016

Texte de Pierre Troullier


Le nombril et l’anneau : le monde de Cathy Burghi
Le nombril féminin est le centre du monde pictural de Cathy Burghi, mais rien n’est plus éloigné du nombrilisme que ce monde. Le nombril de la femme possède le don de se décliner : seins, ventre, hanches, cuisses, vulve. Il appartient au paradigme vaste et fécond de la génération. Le cordon ombilical parfait ce paradigme en reliant le corps féminin au monde. Ainsi, tout part du nombril et tout revient à lui. Dans la série d’autoportraits au feutre, un élément brille par son absence : la tête du sujet. La tête et le visage ont disparu. Au contraire, le nombril est partout. Même lorsque le corps de la femme prend la forme d’un pouce ramifié en quatre doigts, l’artiste n’a pu se retenir de placer un nombril sur la partie dorsale de ce pouce. Un pouce avec un nombril dans le dos : double invraisemblance anatomique que Cathy Burghi assume sans que le spectateur soit choqué. Celui-ci comprend trop bien que c’est le centre grâce auquel tout le reste tient. Chaque corps est en effet un agglomérat complexe de plusieurs parties de corps. Une vulve jouxte une vulve jumelle. Une cuisse jaillit d’une cuisse. Des grappes de seins éclatent. Presque toujours, il n’y a qu’un seul nombril à la jonction de ces membres et organes multiples. L’importance primordiale du nombril dans les autoportraits de Cathy Burghi trouve sa secrète explication dans une autre de ses œuvres, L’alliance (2012), un anneau d’or de 18 carats à l’intérieur duquel l’artiste a gravé le devise « todo o nada ». Entre l’anneau et le nombril, l’analogie n’échappe à personne : c’est la même forme d’O. L’un est plein (« todo »), l’autre est vide (« nada »). Tous les deux servent à créer un accord, à sceller une union. Tout tient ou rien ne peut tenir. Le nombril et l’alliance ne font pas tourner le sujet autour de lui-même : ils le relient à son alter ego. L’amant, l’enfant, le spectateur.

 Pierre Troullier, poète et traducteur français


El ombligo y el anillo, el mundo de cathy burghi
El ombligo femenino es el centro del mundo pictórico de Cathy Burghi, pero nada está mas alejado del ombliguismo que su mundo. El ombligo de la mujer tiene el poder de transformarse : en senos, en vientre, en caderas, en muslos, en vulva. Pertenece al paradigma vasto y fecundo de la generación. El cordón umbilical termina de perfeccionar ese paradigma uniendo el cuerpo femenino al mundo. Es así que todo parte del ombligo, y todo vuelve a el. En la serie de autorretratos en fibra, un elemento brilla por su ausencia : la cabeza. La cabeza y la cara desaparecieron. Sin embargo el ombligo esta omnipresente. Hasta cuando el cuerpo de la mujer toma la forma de un pulgar ramificado en cuatro dedos, la artista no se retuvo de dibujar un ombligo en la parte trasera del pulgar. Un pulgar con un ombligo en la espalda: doble improbabilidad anatómica que Cathy Burghi asume sin que el espectador se espante. Este entiende claramente que es gracias al ombligo que todo se sostiene. Cada cuerpo es en efecto una aglomeración compleja de varias partes del cuerpo. Una vulva roza una vulva gemela. Un muslo brota de un muslo. Racimos de senos florecen. Casi siempre hay un solo ombligo uniendo miembros y órganos múltiples. La importancia primordial del ombligo en los autorretratos de Cathy Burghi encuentra su explicación secreta en otra de sus obras. La alianza (2012), un anillo de oro de 18 quilates donde la artista grabó la divisa « todo o nada ». Entre el anillo y el ombligo, la analogía no escapa a nadie, es la misma forma de O. Uno está lleno (todo), el otro está vacío (nada). Ambos crean un acuerdo, sellan una unión. Todo se sostiene o nada puede sostenerse. El ombligo y la alianza no son el centro de la mirada del sujeto, sino que lo conectan con su alter ego. El amante, el niño, el espectador.

Pierre Troullier, poeta y traductor francés.
Traduccion de Cathy Burghi.


obra TODO O NADA (2011) Cathy BURGHI

Exposicion Autoportrait /// Cathy Burghi