Le nombril et l’anneau : le monde
de Cathy Burghi
Le nombril féminin est le centre du
monde pictural de Cathy Burghi, mais rien n’est plus éloigné du
nombrilisme que ce monde. Le nombril de la femme possède le don de
se décliner : seins, ventre, hanches, cuisses, vulve. Il
appartient au paradigme vaste et fécond de la génération. Le
cordon ombilical parfait ce paradigme en reliant le corps féminin au
monde. Ainsi, tout part du nombril et tout revient à lui. Dans la
série d’autoportraits au feutre, un élément brille par son
absence : la tête du sujet. La tête et le visage ont disparu.
Au contraire, le nombril est partout. Même lorsque le corps de la
femme prend la forme d’un pouce ramifié en quatre doigts,
l’artiste n’a pu se retenir de placer un nombril sur la partie
dorsale de ce pouce. Un pouce avec un nombril dans le dos :
double invraisemblance anatomique que Cathy Burghi assume sans que le
spectateur soit choqué. Celui-ci comprend trop bien que c’est le
centre grâce auquel tout le reste tient. Chaque corps est en effet
un agglomérat complexe de plusieurs parties de corps. Une vulve
jouxte une vulve jumelle. Une cuisse jaillit d’une cuisse. Des
grappes de seins éclatent. Presque toujours, il n’y a qu’un seul
nombril à la jonction de ces membres et organes multiples.
L’importance primordiale du nombril dans les autoportraits de Cathy
Burghi trouve sa secrète explication dans une autre de ses œuvres,
L’alliance (2012), un anneau d’or de 18 carats à
l’intérieur duquel l’artiste a gravé le devise « todo
o nada ». Entre l’anneau et le nombril, l’analogie
n’échappe à personne : c’est la même forme d’O. L’un
est plein (« todo »), l’autre est vide (« nada »).
Tous les deux servent à créer un accord, à sceller une union. Tout
tient ou rien ne peut tenir. Le nombril et l’alliance ne font pas
tourner le sujet autour de lui-même : ils le relient à son
alter ego. L’amant, l’enfant, le spectateur.
Pierre Troullier, poète et traducteur français
El ombligo y el anillo, el mundo de
cathy burghi
El ombligo femenino es el centro del
mundo pictórico de Cathy Burghi, pero nada está mas alejado del
ombliguismo que su mundo. El ombligo de la mujer tiene el poder de
transformarse : en senos, en vientre, en caderas, en muslos, en
vulva. Pertenece al paradigma vasto y fecundo de la generación. El
cordón umbilical termina de perfeccionar ese paradigma uniendo el
cuerpo femenino al mundo. Es así que todo parte del ombligo, y todo
vuelve a el. En la serie de autorretratos en fibra, un elemento
brilla por su ausencia : la cabeza. La cabeza y la cara
desaparecieron. Sin embargo el ombligo esta omnipresente. Hasta
cuando el cuerpo de la mujer toma la forma de un pulgar ramificado en
cuatro dedos, la artista no se retuvo de dibujar un ombligo en la
parte trasera del pulgar. Un pulgar con un ombligo en la espalda:
doble improbabilidad anatómica que Cathy Burghi asume sin que el
espectador se espante. Este entiende claramente que es gracias al
ombligo que todo se sostiene. Cada cuerpo es en efecto una
aglomeración compleja de varias partes del cuerpo. Una vulva roza
una vulva gemela. Un muslo brota de un muslo. Racimos de senos
florecen. Casi siempre hay un solo ombligo uniendo miembros y órganos
múltiples. La importancia primordial del ombligo en los
autorretratos de Cathy Burghi encuentra su explicación secreta en
otra de sus obras. La alianza (2012), un anillo de oro de 18 quilates
donde la artista grabó la divisa « todo o nada ». Entre
el anillo y el ombligo, la analogía no escapa a nadie, es la misma
forma de O. Uno está lleno (todo), el otro está vacío (nada).
Ambos crean un acuerdo, sellan una unión. Todo se sostiene o nada
puede sostenerse. El ombligo y la alianza no son el centro de la
mirada del sujeto, sino que lo conectan con su alter ego. El
amante, el niño, el espectador.
Pierre Troullier, poeta y
traductor francés.
Traduccion de Cathy Burghi.
obra TODO O NADA (2011) Cathy BURGHI
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire